Conférence : PassCare, l’histoire d’un Passeport Santé mondial
Adnan El Bakri est médecin, chirurgien et entrepreneur, il exerce au CHU de Reims dans la Région Grand Est, et est originaire du Liban. Un parcours brillant et un avenir qui semble l’être tout autant… Mais alors du Liban à la France, quel cheminement et quelles raisons d’entreprendre ?
“C’est une longue histoire… mais tout a commencé par une histoire que j’aime raconter” entame Adnan El Bakri. Nous apprenons alors que lorsqu’il était plus jeune, sa mère, alors enceinte de sa soeur, est atteinte d’une hémorragie à la fin de sa grossesse, nécessitant un rapide transfert à l’hôpital. Sa famille choisit de la transporter à l’hôpital le plus proche, un établissement privé dont l’accès leur est refusé sans preuve de leurs ressources financières, et sans informations quant au parcours médical de sa mère. De là, Adnan El Bakri se met en tête de trouver une solution permettant de faciliter l’accès aux soins pour tous. Il décide de rejoindre la France pour étudier la médecine à Marseille, dans le pays qui, selon lui, présente le meilleur système de soins au monde… avant de nuancer ses propos en abordant la question de la santé, estimant que si en matière de soins, la France est ultra compétente, il en est autrement quant à la santé, pointant particulièrement du doigt la prise en charge avant et après la maladie, la France montrant une cruelle faiblesse à ce niveau. En démontrent les dépenses faramineuses nécessaires dans les parcours de soins, la crise des urgences insolvable, le défaut de coordination entre les services…
Après avoir intégré le CHU de Reims, il rejoint en 2015 les équipes du CNRS qui travaillent à l’application de l’algorithme de l’intelligence artificielle sur les données de santé. Mais il constate l’impossibilité de son application sur le domaine de la santé, l’IA étant basée sur l’exploitation des données, celles-là même qui ne se partagent pas dans le domaine de la santé. L’accès aux soins est alors lié à l’accès à l’information, et faciliter l’un, faciliterait l’autre. Pour concrétiser cette idée, Adnan El Bakri crée donc son entreprise, Innov’Health, qui propose entre autre le passeport santé “PassCare”, déjà mis en avant par l’assurance maladie. Ce passeport santé révolutionnaire, qui fonctionne sur un modèle économique HTOH (Human To Human), compte déjà bon nombre de soutiens : groupements cliniques, pharmaceutiques, entreprises privées comme L’Oréal ou Alcatel-Lucent, assurances, mutuelles… Un partenariat public/privé est aussi en cours de développement au Gabon, en Côte d’Ivoire, pour créer une véritable carte vitale connectée et pouvoir donner au citoyen la possibilité de récupérer l’intégralité de ses informations santé.
L’avantage d’un tel système ? Une économie énorme : selon Adnan El Bakri, à l’échelle de la France, généraliser le système à l’ensemble de la population permettrait une économie de 3 milliards d’euros, via une meilleure traçabilité du parcours médical du patient et un partage de l’information qui éviteraient la perte de documents menant à de nouveaux examens très coûteux, en temps et en argent (radios, examens biologiques…). Par ailleurs, on estime que 50% des erreurs médicales sont liées à plus de 500 000 décès à travers le monde, ceci dû à l’égarement des informations santé du patient, au lobbying informatique, aux médecins réticents quant à partager leurs connaissances… Des problématiques qui pourraient se résolver avec les solutions proposées par Innov’Health. Par ailleurs, l’IA appliquée intelligemment au domaine de la santé permettrait une prévention réelle des maladies.
Albert Schulmann, investisseur présent aux côtés de Adnan El Bakri ce vendredi 13 septembre à #GEN, explique par ailleurs qu’un partenariat avec l’Etat serait idéal pour soutenir ce genre d’idées, et contribuerait à faire émerger des innovations technologiques. S’il soutient Adnan El Bakri à travers Innov’Health c’est aussi et surtout pour sa faculté à trouver une solution face à un réel problème de société, avec un véritable esprit entrepreneurial. Si les idées sont présentes, les deux intervenants regrettent toutefois le manque d’implication et de confiance des pouvoirs publics dès le début des projets qui leurs sont proposés, ces derniers préférant attendre une vraie réussite avant d’affirmer leur soutien aux entrepreneurs qui prennent pourtant de bons risques, dans un pays au potentiel immense.